La gestion transversale des stratégies municipales de coopération au développement

3. Une stratégie de travail partagée : la cohérence des politiques en matière de développement

Dans un contexte actuel mondial de complexité et d’interdépendance, dans lequel nos actions peuvent avoir des conséquences négatives dans d’autres parties de la planète, et qui appelle à une réponse multidimensionnelle de tous les secteurs et de toutes les sphères de la société, et face à l’appel de l’Agenda 2030 à œuvrer en faveur d’un partenariat mondial pour le développement durable, le secteur de la coopération promeut depuis longtemps l’application du principe de cohérence des politiques en matière de développement.

Les municipalités, à l’instar des autres administrations publiques, ont le devoir de promouvoir une citoyenneté critique et de faire évoluer la société vers un modèle de développement responsable et engagé sur les problèmes qui affectent l’humanité et la planète.

La cohérence des politiques promeut un changement dans le modèle de développement, qui vise à favoriser et à accroître les capacités de toutes les personnes, en particulier des populations du sud mondial qui sont relativement désavantagées, afin de faire de notre planète un lieu de vie durable pour tous, pour les générations actuelles et futures. Cela implique d’agir dans tous les domaines, en sachant qu’il existe un ensemble d’inégalités et d’injustices et des violations des droits humains au niveau mondial et dans nos sociétés, et qu’il est nécessaire de contribuer à leur éradication.

La cohérence des politiques pour le développement est un principe de travail apparu dans le domaine de la coopération qui a connu une évolution conceptuelle parallèle à l’évolution du contexte international et à la mission des programmes de développement. La définition la plus courante est la suivante:

“Intégration de la perspective du développement durable dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation de toutes les politiques publiques d’un gouvernement” (Millan, 2012).

Il s’agit donc de concevoir, de mettre en œuvre et d’évaluer des politiques en veillant, par exemple, à ne pas contribuer à la violation des droits humains et à se préoccuper de la pauvreté et de la vulnérabilité dans lesquelles vivent d’autres personnes du sud mondial, ou encore des risques environnementaux qui nous affectent déjà tous.

Cela passe par un engagement du gouvernement municipal pour que la coopération au développement soit assumée par l’ensemble de l’institution et qu’elle devienne stratégique. Ainsi, elle prendra une importance croissante et occupera une place centrale dans l’institution municipale, et ne dépendra pas que d’un seul service.

Il est essentiel de tirer parti de toutes les ressources et compétences techniques existantes, de rechercher des complémentarités et synergies fondées sur les spécificités de chacun, et de réunir les différents acteurs du territoire autour des mêmes objectifs, moyennant la création de partenariats et de réseaux.

Cependant, la cohérence des politiques de développement est difficile à mettre en œuvre dans le modèle organisationnel vertical et compartimenté qui prévaut actuellement dans de nombreuses administrations publiques. De plus, comme nous le verrons plus loin, il ne s’agit pas seulement d’ajouter des acteurs, mais plutôt de changer les formes de relation et de travail organisationnel dans les institutions locales.


La gestion transversale de la politique de coopération peut contribuer à rendre effective la cohérence des politiques en matière de développement, et à développer une coopération entre les villes.

Pujar